Avec Alphabet, Google redéploie sa recherche et développement
« Google n’est pas une entreprise conventionnelle. Nous n’avons pas l’intention d’en devenir une »
Il y a déjà une quinzaine d’années, Larry Page et Sergey Brin abandonnaient leur thèse à Stanford pour fonder Google à partir des résultats de leur recherche. En annonçant lundi soir la transformation de Google Inc en une société holding Alphabet, ces perpétuels doctorants s’offrent la possibilité de renouveler leur exploit.
Garder un temps d’avance: Google X
« Pour rester compétitif, il faut garder une dose d’inconfort » Larry Page
Dans le domaine des technologies web où une entreprise peut créer un empire en quelques années, l’innovation n’est pas un hobby mais une nécessité. Depuis 2010, la division Google X développe les technologies les plus prospectives comme la voiture sans conducteur. Issu de cette division, le projet Google Glass montre la tension entre les impératifs d’entreprise et les aspirations d’un institut de recherche. Si les campagnes de communication pouvaient porter à imaginer les lunettes comme un appareil prêt à la consommation de masse à l’instar de l’Apple Watch, le vision en interne était de réinventer l’interface homme ordinateur au travail.
Avec la nouvelle structure, Larry & Sergey pourront accompagner les projets actuellement incubés dans Google X comme Wing, un système de drones pour délivrer des paquets ou QUIC, un protocole destiné à remplacer TCP/IP, protocole fondamental d’internet. La limite entre la recherche et développement et la recherche fondamentale st sans cesse repoussée, comme le montre l’annonce en juin par Facebook de la fondation d’un institut de recherche en intelligence artificielle à Paris.
Une vision pour Google
Avec cette nouvelle structure, l’objectif est de recentrer Google sur sa mission de fond, structurer l’information mondiale. Le choix de Sundar Pichai comme CEO renforce cette orientation technique : ingénieur de formation ,il est devenu peu à peu responsable de plusieurs produits phares de Google comme Chrome OS jusqu’à devenir prendre la tête de la division produit et ingénierie en octobre dernier.
Google conserve un vaste portefeuille d’activités avec Youtube, Android, Maps, Gmail… En externalisant les divisions les plus innovantes, l’entreprise devra trouver son territoire. Par exemple dans le secteur de l’intelligence artificielle, Google a acheté en 2014 Deepmind, une entreprise spécialisée dans l’apprentissage machine, pour l’intégrer à Google X. Au cours de Google IO en mai dernier, Google présentait l’intégration d’une fonctionnalité reposant sur une intelligence artificielle aux produits Google Now et Google Photos. Les synergies potentielles restent à tracer.
Un écosystème de talents et d’entreprises
L’annonce de lundi soir n’est pas seulement la création d’Alphabet, mais celle d’une myriade d’entreprises dans le processus. Larry et Sergey semblent vouloir animer une révolution technologique en laissant les filiales développer une identité et stratégie propre. De plus, en ouvrant de nouvelles positions de CEO, la stratégie pourrait permettre de retenir les talents dans un contexte de chasse aux compétences à laquelle se livrent les géants du web.
La transformation de Google Fiber en une filiale du nouveau groupe Alphabet pourrait être un signal dans un marché des fournisseurs d’accès à internet aux Etats Unis contrôlé par un oligopole. Par ailleurs, le groupe contrôle aussi Google Ventures et Google Capital, permettant au duo de conserver leur stratégie d’acquisition.
Un des aspects les plus fascinants de la démarche des deux fondateurs est le développement d’une vision d’amélioration de l’homme au delà des technologies. Deviennent ainsi des entreprises d’Alphabet, Calico qui travaille sur l’extension de la durée de vie, la section « Life Sciences » qui a notamment développé des lentilles qui permettent de détecter le taux de glucose et Nest, un système de domotique centralisé, sécurité et chauffage.