Les Modèles économiques ouverts
Développer un projet open source peut être un choix éthique ou pragmatique. Mais l’accessibilité du code impose de trouver des modèles économiques innovants. En ces 17èmes Journées du Logiciel Libre, les Bricodeurs ont réuni quatre acteurs de l’économie ouverte pour échanger sur ces multiples modèles.
La source de financement la plus évidente est celle de l’accompagnement du client pour l’installation et la maintenance du logiciel. Comme l’explique François Granade, CTO de Scilab et cofondateur de NexB, il est décisif de faire valoir une expertise solide. Le projet open source facilite alors l’acquisition client pour des prestations de services et de formation qui peuvent même aller au-delà du projet. Une autre option est d’offrir une sécurité juridique, dans un monde de licences complexe, en offrant des licences particulières. Le simple support n’est intéressant que si le produit est critique pour l’entreprise cliente, comme Red Hat.
Le mélange de technologies propriétaires et open source induit une complexité stratégique et légale. Une multitude de procès est liée à l’utilisation de logiciels sous licence libre dans des solutions ne respectant pas les termes de cette licence. On comprend d’autant mieux l’importance de bien choisir sa licence avant de diffuser son logiciel libre. En ce sens, la nature open source d’un logiciel est bien souvent perçue comme un frein par les entreprises. Seule une minorité d’entre elles sont assez mûres pour procéder à ce métissage, souligne Pierre Aumont, président de la Fabrique d’Objets Libres (FOL) qui travaille à des modèles associant innovation communautaire, redistribution et développement commercial.
A la tête du réseau Open Food France, Myriam Bouré témoigne pour sa part d’un produit qui a la particularité d’avoir plusieurs strates communautaires, à savoir le logiciel, développé à l’échelle mondiale, le réseau national et les communautés locales. Le modèle économique est en constante évolution. Elle se réjouit de pouvoir vivre de plusieurs activités complémentaires : support, accompagnement ou encore réplication du projet dans d’autres régions ou pays. Les sources de financement aussi sont diverses : prélèvement d’un pourcentage sur les transactions effectuées par les utilisateurs, dons volontaires de particuliers…
Enfin, Maxime Lathuilière a poursuivi sur ces belles perspectives en présentant sa plateforme de prêts de livres entre particuliers, inventaire.io. Son ambition étant de relier ce réseau collaboratif aux bibliothèques et aux libraires locaux, il souhaite ainsi court-circuiter, au sens géographique du terme, les géants du e-commerce. Son modèle économique est quant à lui des plus simples, mais aussi des plus précaires : il développe bénévolement son application à des fins d’expérimentation tout en travaillant le modèle économique. A quand un revenu universel de base permettant de développer ce type d’initiative ?
La rencontre se termine alors sur cette idée : et si nous assistions à l’émergence de services publics d’initiative privée ?